Soirée télé
- J’ai passé l’âge de flirter ! me dit-elle.
- J’en suis moins sûr que toi, luis dis-je, et la première preuve c’est qu’en ce moment même tu minaudes entre mes bras.
- Je minaude, je minaude, je ne minaude pas, affirmait-elle avec fermeté, d’ailleurs à mon âge… on ne minaude plus.
- Quoi ton âge ! Qu’est-ce qu’il a ton âge ? Tu n’as que cinq ans de plus que moi je te rappelle.
- Peut-être mais ces cinq années font toute la différence. J’ai de la maturité tandis que toi, tu n’es encore presqu’un enfant, et approchant sa bouche tout près de mon visage pour mieux me parler elle ajouta, mais j’ai des sentiments pour toi, je ne crois pas que je t’aime mais quand tu es là c’est comme quand je mets un nuage de lait dans mon café.
- Un nuage de lait dans ton café…
- Oui, bon je sais, me répliqua-t-elle en riant, cette image n’est pas très bien choisie.
Elle s’assit dans le canapé, un clic-clac à dire vrai, et pas des plus confortables. Elle tendit le bras pour m’attirer à elle, ce qui eu sur moi son petit effet, comme à chaque fois que je me retrouvais chez elle, officiellement invité à diner, tacitement invité à rester toute la nuit.
La nuit, les volets clos, le téléphone éteint pour protéger notre amour. Le tenir aussi longtemps que personne ne pourra l’accepter.
Ce soir-là, comme tous les soirs que je passais dans sa maison, elle choisit le film, pardon les films à regarder sur son home cinéma. Après quoi, elle me demandait si j’étais bien installé, puis, elle venait s’allonger sur le canapé et posait sa tête sur mes genoux. Alors ne m’étais-je pas en devoir de passer ma main dans ses cheveux pendant toute la soirée. Que le film soit captivant ou bien que ce soit un vrai navet, pour moi c’était toujours un chef d’œuvre puisque c’est elle qui l’avait choisi.
Et puis tristement arrivait le générique de fin du dernier film, le moment où le doute et la crainte m’envahissaient : m’autoriserait-elle à la suivre dans la chambre à coucher ?
Cette nui-là, mon corps fatigué et mon cœur ému demeurèrent dans le salon.